Il a la réactivité du dessinateur de presse et une remarquable souplesse d’adaptation à des problématiques différentes. Mais quel que soit le sujet abordé, Gwen Keraval apporte à chacune de ses créations cette touche singulière faite d’élégance et de simplicité, d’humour léger et d’esprit pétillant. Alors, c’est comment dans la peau de Gwen Keraval ?
Comment as-tu découvert le monde de l’art et de l’illustration ? Comment en es-tu arrivé à en faire ton métier ?
Au collège, en Arts plastiques, on avait participé à des concours de BD. Cela nous avait donné l’opportunité de rencontrer des auteurs sur les festivals. Grâce à cette expérience, j’ai découvert que cela pouvait être un vrai métier, qui semblait vraiment plus passionnant que les autres.
Plus tard, je suis passé par l’École Émile Cohl à Lyon, pour y apprendre le dessin animé. Mais c’était vraiment trop fastidieux pour moi. En sortant, j’ai fait du graphisme, un peu de jeu vidéo, et puis j’ai commencé l’illustration en publiant des livres jeunesse et en illustrant des jeux. Je trouve que l’illustration donne une liberté de création qui n’existe nulle part ailleurs.

Comment travailles-tu ?
Je passe beaucoup de temps dans les cafés à faire de mini-croquis dans un carnet pour trouver le bon concept, à chercher comment imbriquer des formes et des symboles pour arriver à transmettre une idée, à trouver une composition intéressante. Après, à l’atelier, je redessine tout dans Illustrator. C’est parfois un peu long, mais j’aime trop les formes géométriques et les associations de couleurs.
Sur quels supports préfères-tu travailler ?
J’adore réaliser des affiches, rechercher l’efficacité d’une composition graphique et y intégrer de la typo. L’idéal, c’est d’avoir la possibilité de les imprimer en sérigraphie, de faire émerger la texture d’un aplat de couleur vive sur un beau papier.
Le travail en grand format me plait aussi beaucoup, les fresques et, pourquoi pas, à nouveau en peinture ?
Quels sont les artistes qui t’ont le plus inspiré ?
Enfant, j’ai été fasciné par les illustrateurs des livres que je lisais, comme Miroslav Sasek ou Alain Gréé, et par les courts-métrages d’animation russe qu’on nous projetais en super 8 à l’école. Après, tout se construit petit à petit, au fil des découvertes, c’est venu de la BD, de la peinture, et des autres illustrateurs. Mon œil est d’abord attiré par les formes et les harmonies colorées.

Quelle expérience t’a le plus marqué dans ton travail ?
J’ai adoré travailler sur la fresque Scriptorama, réalisée au printemps 2021 sur les murs de la Halle Baltard à Chaumont. On vivait le troisième confinement liée à la crise sanitaire : avoir l’opportunité de sortir de l’atelier pour coller dans la rue cette frise chronologique de trente mètres de long, c’était vraiment salvateur !

Qu’est-ce que tu préfères dans ton travail ?
Pleins de choses ! La surprise des commandes et des univers qui s’ouvrent sur des domaine inconnus et des nouveaux supports, la contrainte d’une commande d’illustration qui pousse à trouver des solutions graphiques dans des endroits où l’on ne serait pas allé autrement, et aussi le plaisir abstrait d’agencer des formes et des couleurs ensemble.